POUR VOUS RAFRAÎCHIR UN PEU, QUE DIRIEZ-VOUS D’UN PETIT « SORBET DE LA MORT » AUX PORTES DU HAREM ?
Mais tout d’abord, un peu d’histoire autour du Palais de Topkapı.
La grande « Porte du Salut » (Bab-üs Selâm) ou « Porte du Milieu » (Orta Kapı) est en fait l’entrée principale du Palais en tant que tel.
Elle est flanquée de deux grandes tours octogonales crénelées. Une inscription sur la porte la fait remonter au moins à 1542, c’est-à-dire sous le règne de Süleyman Ier, dit « Soliman le Magnifique ».
Le Palais de Topkapı, centre symbolique et politique de l’Empire ottoman pendant près de quatre siècles, commençait officiellement au seuil de cette « Porte du Salut » que même les officiels et les dignitaires étrangers ne pouvaient franchir qu’à pied. Seul le Sultan pouvait la passer à cheval.
Les cellules du rez-de-chaussée aux pieds des deux tours étaient des lieux où les sujets de l’État tombés en disgrâce, dignitaires ou simples péquins pour lesquels une décision de justice devait être prise, étaient temporairement enfermés.
Et certains y furent proprement exécutés selon un rite des plus surprenant !
Quand l’un d’entre eux était condamné à mort, afin de lui faire comprendre sa condamnation et la sentence qui en suivrait, on lui apportait le « Sorbet de la Mort » (du turc « Şerbet).
Celui-ci était fait de glace pilée tout droit venue de l’Olympe de Bithynie (Keşiş Dağı, « Montagne des Moines » appelée aujourd’hui Uludağ, sommet de plus de 2.500 mètres surplombant la ville de Bursa) et de sirop de fruits rouges symbolisant le sang et donc la mort.
Quoi de plus explicite n’est-ce pas ?
Ainsi, sans qu’un seul mot ne lui fut prononcé, le condamné à mort était alors décapité auprès de la « Fontaine du Bourreau » (Cellat Çeşmesi) qui se trouve sur le côté droit de la Porte « Bab-üs Selâm ». C’est à cette fontaine que le bourreau lavait ensuite son glaive et ses mains.
Par contre, s’il était gracié, on lui apportait un simple verre d’eau fraîche qui signifiait que tout était désormais oublié.
C’est pourquoi, encore aujourd’hui, l’expression turque « Boire un verre d’eau fraîche » (Üzerine bir bardak soğuk su içmek) signifie que « l’affaire en question », quelle qu’elle soit, est définitivement oubliée.
De mon coté, j’espère que vous n’oublierez pas cette petite histoire de sorbet rafraîchissant et il ne tient qu’à vous de venir en Turquie pour en découvrir des milliers d’autres, toutes autant savoureuses.
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